On suit Céline Bonacina à Jazz sous les pommiers depuis 2008, année où elle s’est produite aux caves des Unelles avec son trio Alefa ! On l’a retrouvée par la suite à de nombreuses occasions, avec ses propres formations ainsi qu’aux côtés d’Andy Sheppard, Didier Levallet ou encore Nguyên Lê. C’est avec son nouveau quartet franco-américain qu’elle nous revient ce soir, pour interpréter les titres de son dernier album, Jump!, un retour à ses premières amours fusion et jazz électrique. Le répertoire a été composé pendant le covid, élément significatif qui donne du sens au choix des titres : Hope, Trap, Trust, A Light Somewhere

Une entrée en matière directe comme un uppercut avec Tunnel qui vous happe et ne vous lâche plus : l’écriture de la saxophoniste est très originale, riche, elle vous prend et vous surprend au détour d’un riff, complexe tout en restant accessible. Après ce début ébouriffant, on revient à un semblant de calme avec Lost in Translation, composé par le batteur John Hadfield, un thème plus cool et enlevé, qui monte en puissance au fil des solos, et devient de plus en plus enlevé… et même très relevé ! Après A Light Somewhere , ample et aérien, la très belle ballade Hope nous offre une plage de sérénité et de plénitude.
Les deux titres suivants ont été écrits par les partenaires de la saxophoniste : Deevella Street par le contrebassiste Chris Jennings, compagnon de grand talent et de longue date, puis Go par la pianiste Rachel Eckroth qui tient les claviers à l’origine sur l’album et qui a été remplacée ici par Grégory Privat. Ce dernier joue une magnifique introduction au piano, et là encore, la musique monte ensuite en
puissance, Privat enchaînant un double solo très inspiré au synthé puis au piano, la pression montant encore d’un cran avec la saxophoniste qui nous assène un magnifique solo, sidérant, puissant et lyrique, beau à pleurer… Céline Bonacina sait tirer des sons inouïs de son instrument, elle peut le faire feuler, chuchoter, le rendre déchirant à coup d’harmoniques distordues, et toujours de manière musicale et expressive.
Après Trap et Trust, le public est debout pour le rappel.

C’est une joyeuse tornade qui s’est abattue ce soir au théâtre, un des grands moments du festival.

Texte et photos : Stéphane Barthod