On revient toujours à Bach à un moment ou à un autre, et les jazzmen ne font pas exception : de Jacques Loussier à Brad Mehldau en passant par Edouard Ferlet, Raphael Imbert, ou Richard Galliano pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus connus, ils sont revenus à un moment vers le cantor de Leipzig.

Chacun connaît les suites de Bach, ou croit les connaître, en a déjà entendu certaines, sans même parfois le savoir… L’occasion nous est donnée cet après-midi de les réécouter avec une nouvelle attention, de les redécouvrir au travers de la lecture originale et personnelle qu’en donnent la violoncelliste Pauline Bartissol, et le saxophoniste Jean-Charles Richard, un « détournement admiratif » comme le précise ce dernier. Le concert débute au violoncelle seul par le Prélude de la première Suite, certainement l’extrait le plus connu de l’oeuvre, enchainé en duo avec la Sarabande de la même Suite, interprétée avec beaucoup de nuances et de délicatesse, par moments à la limite du silence et cependant toujours audible par la grâce de l’extraordinaire acoustique de la cathédrale. La musique se fait ensuite plus enjouée, les deux musiciens échangeant plusieurs fois leur rôle au fil de l’interprétation. Sur la Sarabande de la quatrième suite, magnifique, lente et pensive, les sons des instruments se mêlent intimement pour nous en offrir une version de toute beauté. Le silence du public à la suite des dernières notes est à cet égard particulièrement significatif…
On se laisse porter avec bonheur, au long du concert, par ces variations toujours inventives et sensible, Pauline Bartissol associant une interprétation classique de l’œuvre à de réelles libertés de jeu, entre pizzicati et harmoniques à l’archet, tandis que Jean-Charles Richard sait se faire parfois virevoltant, mais avec toujours une extrême douceur, les deux complices intégrant subtilement des parties improvisées qui se mêlent avec habileté à la musique écrite.

Texte et photos : Stéphane Barthod

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