Les amateurs de piano sont aux anges aujourd’hui : après Brad Mehldau salle Marcel Hélie, on retrouve Fred Hersch, dont il fut l’élève dans les années 80, sur la scène du théâtre avec en invité le trompettiste Avishaï Cohen.
Le pianiste nous avait laissé un grand souvenir lors de son passage en trio en 2017, et sa prestation de ce soir en compagnie du trompettiste israélien est à la hauteur de nos attentes, c’est dire ! Les deux musiciens alternent au long de la soirée des compositions du pianiste et des standards, de Con Alma de Dizzy Gillespie à I Mean You de Monk en passant par Palhaco du guitariste brésilien Egberto Gismonti. D’un titre à l’autre, au travers des thèmes et des improvisations, ils nous content des histoires, semblant se confier l’un à l’autre tout autant qu’aux spectateurs. On se laisse prendre par la richesse et la subtilité du jeu du pianiste, la douce autorité dont il peut faire preuve par instants dans ses solos, on écoute avec délice les notes perlées de la trompette, toute de puissance et de velours. Pourquoi une musique, des musiciens, nous touchent si profondément ? Il y a là quelque chose d’indicible. On se laisse emmener, surprendre, bousculer, caresser par une musique qui vous touche au cœur, sans que l’on puisse, ni ne souhaite, l’expliquer. Ce soir, les deux musiciens ne font qu’un, la musique se déroule comme une évidence, au-delà de la technique ou de la virtuosité.
Pour finir, on peut citer Brad Mehldau : « On dit que je sonne comme Fred [Hersch]. C’est parce que Fred a exercé une forte influence sur moi et sur beaucoup de musiciens d’aujourd’hui. Dans son univers musical, des éléments de l’histoire du jazz et de toute la musique s’assemblent d’une manière très contemporaine. Son style s’appuie sur une recherche d’idées singulières et de la beauté. Je ne ferais pas ce que je fais si je n’avais pas appris auprès de Fred, et je pense que c’est vrai de pas mal de monde. »
Texte et photos : Stéphane Barthod