Voilà un samedi où l’on voyage décidément beaucoup ! Après l’Afrique évoquée par le quartet Addis Abeba Surf Club et l’Orient rêvé d’André Manoukian, c’est en Amérique latine que les spectateurs ont rendez-vous avec le pianiste cubain Harold López-Nussa.
Le concert débute avec le lumineux et revigorant New Day qui installe rapidement les spectateurs dans une ambiance festive qui se poursuivra tout au long de la soirée. Guajira danzonera donne ensuite l’occasion au pianiste de se lancer dans un échange de haute volée avec l’harmoniciste Grégoire Maret, bien connu des spectateurs coutançais qui ont eu plusieurs fois déjà la chance de pouvoir l’applaudir, notamment aux côtés de Cassandra Wilson ou plus récemment en duo avec Edmar Castaneda. Le titre se termine avec un solo échevelé du batteur Ruy Adrián López-Nussa, frère du pianiste, qui suscite l’enthousiasme du public, avec un jeu foisonnant, capable de passer en un instant d’une frappe puissante à un quasi-chuchotement. La fête n’interdit pas la mélancolie, en témoigne le titre suivant, Mal du pays, au climat recueilli, introduit par Grégoire Maret qui fait sonner pour l’occasion son harmonica comme une flûte.
Chez les López-Nussa, la musique est une affaire de famille : le pianiste présente ainsi son frère à la batterie, mais également les autres musiciens du groupe comme des frères « avec un père différent… et une mère différente ! » La famille est présente aussi au travers des compositions interprétées ce soir, ainsi le titre suivant, Lobo’s Cha, a été écrit par son oncle Ernán. Tout en légèreté, il monte progressivement en force pour finir en véritable feu d’artifice, dans un échange époustouflant entre un Grégoire Maret déchainé et le batteur Ruy Adrián. On s’éloigne un temps de la musique cubaine avec Why, très belle ballade nostalgique aux accents methenyens composée par l’harmoniciste, pour y mieux revenir avec Tierra Mia : démarrage en trio, mettant en valeur le jeu tout à la fois terrien et aérien du pianiste, paradoxalement virevoltant et intense…
Retour à la nostalgie pour le rappel avec une composition due à la plume du contrebassiste, à la fin de laquelle López-Nussa égrène quelques notes de Ne me quitte pas, puis de Summertime, avant de terminer decrescendo, invitant les spectateurs à chuchoter quelques “cha cha cha”. Ce à quoi il ne s’attendait sûrement pas, c’est à un « miaou » lancé en réponse par un spectateur, comme un écho à l’affiche du festival.
Texte et photos : Stéphane Barthod