Rendez-vous très attendu des amateurs de jazz, le concert de Makaya McCraven avait lieu ce samedi au théâtre de Coutances, le batteur venant avec son quartet de Chicago, réunissant une équipe de haut vol : Matt Gold à la guitare, Junius Paul à la contrebasse et Corey Wilkes à la trompette, en remplacement de Marquis Hill prévu initialement. Dès les premières mesures, le ton est donné : entrée en matière énergique, un groove implacable et le swing comme une évidence !
Profondément ancré dans le jazz et son histoire, le compositeur offre une musique libre et sans frontières : depuis les racines africaines qui surgissent au fil d’un rythme jusqu’à des échos funk ou hip-hop, il peut traverser les genres de manière vertigineuse à l’intérieur d’un même morceau. On retrouve ici un univers qui n’est pas sans évoquer celui de Kamasi Washington, que l’on a eu également la chance d’applaudir à Jazz sous les pommiers en 2018. Brillant compositeur et “metteur en scène” de sa musique, McCraven sait par ailleurs faire chanter la batterie de manière unique. Maître de la pulsation, pour lui, tout est vibration, et il offre au public une musique d’urgence, dense, à la fois très construite et très ouverte, tout en tensions et détentes. On le suit avec bonheur au fil des différents titres, que ce soit sur un thème qui peut évoquer à certains le groove décontracté du fameux Strasbourg-Saint-Denis de Roy Hargrove, ou encore lorsqu’à la fin d’un autre titre où il nous offre une sorte d’effet “Vertigo” musical, accélérant progressivement le tempo tout en jouant decrescendo jusqu’au
silence… Grand moment également avec In These Time, superbe titre de son dernier opus, au thème éthéré, ample et aérien, que l’on redécouvre ici en live dans une version plus “brute” que celle de l’album.
En rappel d’un concert hélas trop court, il nous offre un titre évoquant par moment les années 70, entre soul et fusion. Et sur l’insistance d’un public qui en redemandait, il revient pour une tournerie groove improvisée.
Texte et photos : Stéphane Barthod